Pourquoi les déchets sont-ils si dérangeants ?

Les déchets sont omniprésents dans notre quotidien. Résultants de nos modes de consommation, on les retrouve à chaque étape de la vie des objets, de leur fabrication, jusqu’à leur distribution.

On ne prend souvent pas la mesure de cette accumulation, dont on pense à tort qu’elle s’arrête aux déchets que nous mettons directement dans nos poubelles, alors qu’ils ne sont pourtant que la partie immergée de l’iceberg… Cette méconnaissance de la réalité sur les déchets a des conséquences importantes, tant au niveau environnemental, que sanitaire et économique.

Alors, pourquoi les déchets sont-ils si problématiques et pourquoi est-il important d’adopter un mode de consommation plus responsable et écologique ?

Qu’est-ce qu’on entend par « déchets » ?

Un déchet correspond à tout matériau, substance ou produit qui a été jeté ou abandonné, car il n’a plus d’utilisation précise.

définition de l’Ademe

L’omniprésence des déchets : des déchets derrière chaque objet 

Un objet devient un déchet à partir du moment où il n’est plus utilisable ou à partir du moment où son propriétaire s’en débarrasse qu’il soit encore utilisable ou non. Outre la surreprésentation des produits à « usage uniques » le problème est malheureusement plus global, comme les emballages, qui sont destinés à devenir des déchets dès leur conception.

En effet, dans la société actuelle, avec l’obsolescence programmée, la surconsommation, les publicités et les effets de mode, ce n’est un secret pour personne : beaucoup de nos produits de consommation arrivent rapidement dans la poubelle après un temps limité dans nos mains.

Or, à l’heure actuelle, il n’existe pas de solution miracle pour faire « disparaître » ces déchets. Ils s’agglutinent et, en fonction du pays et des normes en vigueur, sont « éliminés », « cachés » ou même simplement « entassés » sans autre forme de conditionnement préalable.

Aujourd’hui, on peut séparer les déchets en 2 catégories : les déchets non recyclables et les déchets réutilisables.

En France, il y a deux techniques pour traiter les déchets résiduels (déchets ménagers non recyclables) : la valorisation énergétique (par l’incinération), ou le stockage des déchets (par enfouissement). Et même si elles sont soumises à de nombreuses normes et encadrées scrupuleusement, aucun de ces moyens n’est actuellement neutre pour l’environnement.

Une partie des déchets est toutefois recyclable et peut donc être transformée ou revalorisée pour lui donner une nouvelle utilité. Si cela semble une solution viable, il ne faut toutefois pas s’y tromper : c’est un moindre mal. En effet, les processus de recyclage restent couteux, énergivores et ne sont pas sans impact pour l’environnement. Et encore faut-il que les déchets recyclables rejoignent correctement leur circuit de traitement.

Autre préoccupation : certaines matières (comme le plastique) sont très problématiques, elles mettent longtemps à se décomposer (parfois plusieurs siècles), et pendant ce temps, tous les composants toxiques vont impacter l’écosystème alentour, affectant l’environnement, comme la santé des espèces qui y habitent. D’où la nécessité, a minima, de les traiter correctement pour limiter au maximum leur impact écologique.

Greenpeace estime qu’à l’échelle de la Terre, environ un million d’oiseaux et cent mille mammifères marins, meurent chaque année de l’ingestion de plastiques. Au total, plus de 267 espèces marines seraient affectées par cet amas colossal de déchets.

Connaissez-vous le vortex de déchets du Pacifique nord, connu aussi comme le sixième ou septième continent ? C’est l’un des points de concentration de déchets plastiques le plus dévastateur pour la planète.

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Conception et transport : des déchets dès les premières étapes de la vie de l’objet

Dès leur conception et leur transport, les produits sont déjà source de nombreux déchets dus à leur fabrication (matériaux, ressources, …) et aux différents transits qu’ils vont effectuer avant d’arriver à leur destination finale (suremballage, transport, …). Mais outre ces déchets, les enjeux environnementaux se situent également dans les ressources et l’énergie consommées pour les mettre sur le marché.

Par exemple, rien que pour sa fabrication, il faut 10 000 litres d’eau pour concevoir un jean (soit environ 200 douches). Les jeans sont principalement fabriqués en Asie, et avant d’arriver dans nos armoires, ils ont pu parcourir jusqu’à 65 000 km. C’est d’ailleurs le cas pour la plupart des produits actuels conçus en Chine : « 90% de nos marchandises transitent par la mer, soit près de 10 milliards de tonnes par an (…). Selon les sources, on estime que le transport de marchandises (ou le fret) représente entre 30% et 40% des émissions des gaz à effet de serre du secteur des transports ».

A l’origine des déchets il y a donc …. Un objet. Un objet qui a été produit, et dont la fabrication a nécessité l’utilisation de nombreuses ressources. Ces matières premières, pétrole, gaz, bois, eau, … ne sont pas infinies et sont puisées dans notre environnement. Il ne faut pas les oublier lors de l’achat d’un nouvel objet ; derrière lui se cachent tout un ensemble de process et d’étapes qui ont certes permis sa conception, mais qui ont surtout puisés de l’énergie et des matières premières. C’est ce qu’on appelle le sac à dos écologique d’un objet. 

C’est pourquoi, il faut toujours se poser la question de la nécessité de l’achat, ne peut-on pas louer, emprunter, réparer, acheter d’occasion ou trouver une solution alternative ? Car les ressources fournies pas notre planète ne sont pas intarissables, et chaque geste peut compter pour les préserver, si nous ne voulons pas en manquer pour des besoins essentiels un jour.

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Les déchets : toxicité et risques sanitaires

Certains déchets contiennent des métaux lourds ou dangereux, bio-accumulable et microscopiques, … Par exemple, les piles contiennent différents types de métaux toxiques et sont dangereuses pour l’environnement si elles se retrouvent dans la nature. Du plomb, du zinc, du nickel ou encore du mercure pourraient être absorbés par les êtres vivants.  

Même les jeter avec les ordures ménagères, c’est les orienter sur une filière de traitement inadaptée. Car brûlées ou enfouies, elles finiront par polluer l’environnement dans son ensemble. Toutes les piles et petites batteries se recyclent (jusqu’à 80% des métaux sont extraits et réutilisés) et doivent être ramenées sur les points de collecte (déchèteries, grandes surfaces, …).

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Le traitement et la gestion des déchets : un enjeu économique important

Outre toutes ces problématiques, gérer et traiter les déchets coute cher. Les équipements pour traiter ou trier les déchets se privatisent, doivent être constamment modernisés et remis aux normes (pour répondre aux évolutions de volumes et de types de déchets produits, ainsi qu’aux exigences gouvernementales), les taxes augmentent (la TGAP notamment), … tous ces facteurs font exploser le prix des déchets.   

En 2022, pour Evolis 23, le cout de traitement des Ordures Ménagères en centre de stockage (enfouissement des déchets) est de 117,5€ la tonne et le cout de traitement en incinération est de 99€ la tonne. Pour vous donner un ordre d’idée environ 10 000 t d’Ordures Ménagères sont produites chaque année par les habitants de territoire d’Evolis 23…

Dans tous les cas, les déchets restent donc un problème pour lequel il n’existe qu’une seule solution qui a fait ses preuves : ne pas en produire !

Le meilleur déchet … celui que l’on ne produit pas !

Quand on arrive à ne pas produire de déchets, les coûts de transport et traitement reviennent à zéro, mais pour cela il est nécessaire de mettre en place des changements importants d’habitudes dans les choix de modèles de consommation et de production que ce soit pour les individus comme pour les grands producteurs.